Transport : Premier week-end avec mamie 6
Ce week-end, j'allais chercher une Ami 6 dans le sud de la France, à Frontignan.
Vendredi
Je suis parti en TGV vers 15h de la gare Lille Europe. Un peu plus de 5h de train et me voila à la gare de Sète (avec 25 minutes de retard) où Michel (propriétaire de l'Ami 6) et Denis, un ami Lillois m'attendaient. Lors de mon arrivée à la gare, Michel était au téléphone, cherchant à joindre un ami pour lui faire vérifier les freins de l'Ami, il a en effet constaté qu'elle a tendance à tirer à droite lors du freinage, et était inquiet à ce sujet.
L'Ami 6 (dite "la petite vieille") m'attendait aussi, sur le parking. Premier voyage en Ami 6 pour aller chez Michel où sa femme nous attendait tous les trois avec un bon repas. Michel et sa femme sont des profs à la retraite, respectivement de français et de musique.
Après le repas, Michel est allé raccompagner Denis chez lui en utilisant sa jolie 2CV bleue :
L'occasion pour moi de faire un tour en 2CV, et de voir la 2CV fourgonnette qui dort devant la maison de Denis :
De retour chez Michel, nous avons traîné un peu dans le garage autour de mamie 6 à regarder différents détails. Un petit tour dans le jardin aussi, où une Ami 8 break attend paisiblement sous les arbres que quelqu'un s'intéresse à ses pièces :
Puis dodo.
Samedi
Levé vers 7h30. Petit déjeuné avec Michel dans la cuisine avant d'aller faire un tour avec l'Ami 6 pour que je l'essaye et apprenne à la conduire. Nous nous arrêtons donc dans un coin tranquille. Je fais quelques photos avant de prendre le volant :
Ça change beaucoup des autres voitures que j'ai conduites. J'écoute les conseils encourageants de Michel, très patient (on sent qu'il a été prof !). J'ai l'impression d'être à nouveau à l'auto-école, de réapprendre à conduire.
Pour une raison quelconque, nous ouvrons le capot, et Michel voit aussitôt que le tambour de frein avant gauche n'est pas du tout à sa place.
C'était donc pour ça qu'elle ne freinait pas droit depuis la veille ! C'est choquant pour une voiture dont les freins sont neufs, et qui sort du garage avec une facture de réparation de plus de 1500euros... A partir de là il n'a plus voulu me laisser le volant, et nous sommes allés chez l'ami qu'il essayait de contacter la veille quand je suis arrivé à la gare. Il n'était pas là, et ne répondait pas au téléphone. Nous sommes allés chez Denis à la place, pour lui demander s'il pouvait nous aider à refixer ce tambour de frein. Il a accepté, l'Ami a été garée devant l'entrée de son garage, et nous sommes partis avec lui à son dépôt de pièces quelques kilomètres plus loin. Un petit bâtiment bien caché, invisible depuis la route, entouré d'oliviers, où sommeille une 2CV de 1958 et sont entreposées de nombreuses pièces détachées.
Après avoir fouillé le stock de pièces pendant de longues minutes et en avoir extrait plusieurs boîtes de vitesse, Denis a abandonné l'idée de trouver là les écrous recherchés et nous sommes rentrés chez lui. En fouillant un peu dans le cambouis, nous avons trouvé 2 des 4 écrous qui fixaient le tambour, et Denis a réussi à en trouver 2 autres similaires dans son stock de visserie. On remonte le tout, se lave les mains, remercie bien, puis retour chez Michel.
Il était déjà 13h, j'ai mangé à nouveau en compagnie de Michel et sa femme. Après le repas, Michel et moi nous sommes occupés des papiers (certificat de cession, ...) puis nous avons installé une prise allume cigare dans la voiture, pour que je puisse y brancher mon téléphone et profiter du guidage GPS pendant tout le parcours sans avoir à craindre que la batterie insuffisante ne me prive de ce précieux gadget au bout de quelques heures.
Je suis finalement parti vers 16h, sentant Michel un peu ému, sans trop savoir si c'était de voir sa petite vieille partir, ou à l'idée du voyage qui m'attendait (ou les deux à la fois). Michel a proposé de m'escorter jusqu'à l'autoroute avec sa 2CV, mais comme j'ai un GPS, ce n'était pas vraiment nécessaire. Je suis parti avec un sac de provisions pour un pique nique qu'on m'a gentiment proposé. Moi qui voulait partir tôt le matin pour rouler le moins possible pendant la nuit, ... c'est raté !
J'avais prévu de passer dimanche en milieu de journée près d'Angers pour acheter des sièges d'Ami 6 en meilleur état que ceux présents dans la voiture. Je voulais faire une première étape à Poitiers et une deuxième au Havre. En partant à 16h de Frontignan, impossible d'être à Poitiers le même jour.
Après un premier plein d'essence au premier supermarché que j'ai rencontré sur ma route, j'ai pris l'autoroute et y suis resté jusqu'à Clermont-Ferrand. J'ai pris le viaduc de Millau.
Ça fait une drôle d'impression de rouler sur l'autoroute aussi lentement. Quand ça monte fort et tourne beaucoup, la vitesse est limitée à 110, 90 voire 70 km/h. Aucun risque de dépasser ! Mamie 6, en y mobilisant toute sa puissante, pouvait atteindre dans ces situations respectives 80, 60 voire 40 km/h. . A 40 sur l'autoroute, on a presque l'impression d'être arrêté. Comme c'est une des rares partie du parcours où il faisait jour et ne pleuvait pas, j'ai pu en profiter pour observer le paysage.
J'ai fait une petite pause sur l'aire d'autoroute de Marvejols (ce nom me rappelle quelque chose, je crois que c'était le nom de la machine de yabo au LRDE, celle qu'on martyrisait ), alors qu'il faisait déjà nuit. Sur l'aire d'autoroute, il n'y avait qu'une seule autre voiture arrêtée : une grosse Mercedes, capot ouvert. Le monsieur remettait de l'huile, je suis passé devant lui pour aller aux toilettes et il m'a dit "Elle roule bien ta voiture ! Ça fait 2 fois que je la double." Nous avons discuté un peu, et il m'a expliqué qu'il a eu dans le temps 2 Ami 6, une berline puis un break. Il m'a raconté qu'il allait lui aussi dans le Nord-Pas de Calais, à Douai, qu'il avait acheté sa Mercedes d'occasion il y a un an en parfait état et avec très peu de km pour 3500euros. C'est amusant comme il suffit de promener une voiture un peu inhabituelle pour que les gens se mettent à nous parler.
Avant de repartir de Marvejols, j'ai ouvert le capot pour vérifier que les freins n'avaient pas bougé à nouveau (Denis et Michel m'avaient laissé des clés au bon diamètre pour pouvoir les resserrer en cas de besoin). Pas de soucis de ce côté, mais je remarque qu'il y a pas mal d'huile un peu partout.
Je roule encore un peu après Clermont-Ferrand. Mamie 6 commence à montrer qu'elle a parfois un sale caractère. Michel et moi avions observé avant que je parte que le ralenti était peut-être réglé un peu trop bas. Maintenant c'est sûr, après plusieurs heures d'efforts sur l'autoroute, elle cale à chaque arrêt (feux rouge, stop, etc...). Elle avait déjà calé au péage du viaduc de Millau, mais j'avais cru que c'était moi qui avait fait une erreur. A partir de ce moment là, je redoute ronds points où je devrais m'arrêter et feux rouges... A un feu rouge où j'ai calé et où Mamie a eu du mal à redémarrer (elle a toujours redémarré, mais a parfois mis plusieurs secondes avant de se décider), la voiture immédiatement derrière m'a doublé par la droite, s'est garée et la personne est venue voir si j'étais en panne, si j'avais besoin d'aide. Le temps qu'il sorte de sa voiture, mamie ronronnait à nouveau, mais j'ai tout de même trouvé ça sympathique. Ça change des gens qui dans la même situation auraient juste klaxonné !
Vers 21h j'ai fait une pause dans une petite ville qui m'avait l'air sympathique. Je me suis garé devant l'église et j'ai mangé les sandwich que j'avais.
Il y avait un petit hôtel de l'autre côté de la rue. Les tarifs semblaient raisonnables. J'ai par contre failli éclater de rire quand j'ai vu qu'il était fermé à partir de 20h. Tant pis, j'irai dormir plus loin ! J'ai envoyé un SMS à ma mère. Je n'avais pas répondu au SMS qu'elle m'avait envoyé vers midi demandant où j'en étais et si l'Ami6 était agréable à conduire... je ne voulais l'inquiéter en lui disant que je n'étais pas encore parti car le frein avant gauche s'était décroché . Par contre, dans le SMS j'ai dit que je faisais une pause sandwich, ce qui lui a fait deviner que j'allais repartir et que je roulais de nuit .
Après mon repas et avant de repartir, j'ai ouvert le capot à nouveau. Rien à signaler du côté des freins, je trouve toujours qu'il y a de l'huile partout et que ça ne doit pas être normal, mais bon... il n'y a pas grand chose que je puisse y changer dans l'immédiat. J'ai cherché dans un livre sur l'entretient de la 2CV et les réparations possibles à faire soi même que Michel m'a donné s'il y avait un moyen simple de régler le ralenti pour que Mamie arrête de caler à chaque arrêt, mais je n'ai pas trouvé d'explication suffisamment limpide pour que je puisse y toucher sans craindre de faire pire que mieux. Juste avant que je referme sans avoir rien touché, une Renault Espace s'arrête, me demandant si je suis en panne. Je réponds que non et que je vérifiais juste si tout allait bien. Le monsieur me dit alors qu'il a la même, mais en berline, dans un garage à quelques kilomètres de là. Je lui dis que c'est encore plus joli en berline, et il me répond qu'elle est à vendre. Je lui demande à combien, il me répond 4500euros, puis s'en va en me lançant "Elle est sur le bon coin !".
Je repars, et constate avec surprise qu'après la pause sandwich, Mamie 6 ne cale plus au ralenti. J'ai un peu l'impression qu'elle se moque de moi, mais ça m'arrange plutôt.
Je roule un peu, puis m'arrête à une pompe à essence. Je profite d'être dans un endroit bien éclairé pour regarder à nouveau l'huile répandue partout sous le capot, mais ne trouve pas d'explication évidente à cette fuite. Ça m'inquiète, et m'inquiète encore plus de voir la quantité d'huile tombée sous la petite vieille pendant que je remplissais son réservoir... et après en regardant à côté de l'autre pompe, je me suis trouvé complètement idiot en constatant qu'il y avait encore plus d'huile à côté et qu'une station service est probablement le plus mauvais endroit possible pour vérifier ça...
Je repars. Sur une petite route qui sinueuse qui grimpe fort (et où je roule donc à environ 40 km/h), une scenic me colle au pare choc. Au bout de plusieurs minutes, elle double, et klaxonne plusieurs fois, la personne à la place du passager gesticulant très vulgairement dans ma direction. Leur bêtise m'a fait rire, et je me suis demandé quelle contribution à l'humanité ils pensaient apporter par ce type de comportement.
Vers 23h30, je passe dans un petit village où l'église éclairée me semble jolie. Il y a un parking pour les touristes (mais évidemment pas de touristes en janvier). Je me dis que ça serait un bel endroit pour se réveiller, et décide de faire marche arrière pour me garer sur le grand parking. Pendant ma manœuvre, la petite vieille fait des claquements que j'ai trouvés très inquiétants, et avance par à coups. Ça m'a beaucoup inquiété, j'ai eu peur qu'elle ne reparte pas, mais vu l'heure, il n'y avait pas grand chose d'autre à faire que de dormir et attendre qu'il fasse jour pour analyser la situation à tête reposée. J'ai donc décidé que j'allais dormir dans le coffre. J'ai mis un certain temps à m'installer correctement. J'ai d'abord tenté de rabattre la banquette, la décrocher et la mettre dans la longueur, pour me coucher à côté, mais la voiture, même sans banquette n'est pas assez longue pour que je puisse m'y allonger. La meilleure solution a finalement été de mettre dans le coffre toutes les affaires que j'avais sur le siège avant, mettre la banquette arrière par dessus les sièges avant, m'allonger en diagonale dans le coffre sans banquette et utiliser mon sac de voyage comme oreiller. J'ai assez mal dormi, inquiet de l'huile que mamie répand partout, et des bruits entendus juste avant de m'arrêter pour la nuit. Il a beaucoup plut pendant la nuit. J'avais mis un réveil à 8h. Inutile, à 7h55, la cloche de l'église s'est mise à sonner avec enthousiasme plusieurs dizaine de coups, probablement pour annoncer la messe qu'il y aurait eu à cette heure un dimanche matin quand le village était plus peuplé. Curieusement, la pluie s'est arrêtée juste quand j'ai voulu sortir de la voiture. J'ai tout rangé (banquette à sa place, etc...), puis suis allé me dégourdir les jambes quelques minutes. Je me suis donc réveillé dans la Creuse, dans un village ayant des thermes Gallo Romains. J'ai fait quelques photos de Mamie, toute brillante en étant mouillée.
Un chien est venu rendre visite à Mamie :
Avant de repartir, j'ai contrôlé le niveau d'huile. Ouch, très bas. Je n'aurais peut-être pas dû être surpris vu qu'elle en a mis partout... J'ai donc commencé à remettre de l'huile. Tout le contenu du bidon de 2L que Michel m'avait mis sous le capot y est passé, pour arriver à peine au niveau minimum. Ça va pas du tout ça, parce qu'elle bouffe plein d'huile (et ne sait même pas le faire proprement), et en plus parce que j'en ai plus à lui donner si elle continue. Et un dimanche, pas vraiment possible de trouver facilement un endroit où en acheter.
Je repars, un peu inquiet. Claquements sinistres à nouveau, mais nettement moins forts qu'hier. J'ai vite compris qu'ils se produisent si j'appuie un peu trop fort sur l'accélérateur avant d'embrayer en première et parfois en seconde. Je suis presque sûr qu'elle ne se comportait pas comme ça avant mon départ, mais il est aussi très possible qu'avec la fatigue accumulée, mon pied ait été un peu lourd sur la pédale vers 23h...
Je suis réellement reparti vers 9h. Je pensais rouler une petite heure puis m'arrêter dans une boulangerie pour acheter des croissants et manger un petit déjeuner. Je roulais bien et il s'est remis à pleuvoir, donc j'ai mis longtemps à me décider à m'arrêter (pas envie de sortir sous la pluie). J'ai été agréablement surpris de voir que malgré leur taille ridiculement petite, les essuie-glaces sont très efficaces et permettent d'y voir bien. J'ai fait une pause dans un village où finalement j'ai juste marché un peu, uriné contre un arbre, et mangé un morceau de brioche que j'avais avec moi.
Je suis reparti assez vite, ne souhaitant pas perdre trop de temps pour arriver à une heure raisonnable à Angers. Pendant ma pause sandwich la veille au soir, j'avais indiqué à la personne que je devais voir à Angers qu'avec l'heure tardive à laquelle j'étais parti du sud de la France, il était quasi impossible que j'arrive avant 15h.
Je roule bien. Une pause pour donner à boire à Mamie. Elle ne consomme pas énormément, mais avec un réservoir de seulement 25 litres, elle a quand même assez souvent soif.
Je voulais essayer d'arriver approximativement à 15h, comme je l'avais plus ou moins annoncé. Pas beaucoup de temps à perdre donc. D'après les indications du GPS, c'était encore faisable d'arriver à 15h, après la pause essence, il ne me restait qu'un peu moins d'une demi heure de route à faire !
Je reprends donc la route, un rond point plus loin, quelques mètres après l'entrée d'une voie rapide, mamie se met à vibrer énormément à du côté arrière droit et est incontrôlable à plus de 10 km/h. J'ai compris que j'avais un pneu crevé, mais sur la voie rapide, impossible de s'arrêter pour le changer. Le moins dangereux que j'ai trouvé à faire a été de rouler très lentement jusqu'à la sortie suivante en serrant le plus possible à droite, à une vitesse me permettant de garder le contrôle de la trajectoire, et en ignorant les abrutis qui klaxonnaient. J'ai été soulagé de trouver une sortie à peine plus d'un kilomètre plus loin, et en plus c'était une aire de repos ! Parfait. Vers 14h45, j'ai téléphoné à la personne qui m'attendait pour lui signaler que d'après le GPS j'étais dans les temps, mais qu'un de mes pneus venait de rendre l'âme, et que donc j'arriverais nettement plus tard que prévu, le temps de changer la roue.
J'ai cherché comment faire, comment le cric s'utilise, etc... La manivelle est toute petite et ne fait pas un levier suffisant pour desserrer les écrous. J'ai cherché comment avoir plus de force, mais pas moyen de trouver un autre levier plus grand. Finalement, au bout de quelques minutes, avec l'énergie du désespoir, les écrous ont fini par céder et j'ai pu changer cette roue. Juste avant de repartir, j'ai discuté avec un vieux monsieur qui marchait tranquillement sur l'aire de repos. Ma petite vieille avait l'air d'attirer sa curiosité. J'ai téléphoné à nouveau vers 15h30 pour dire que je repartais et pensais arriver au point de rendez vous dans une demi heure environ s'il n'y avait pas de nouveau contre temps.
Je n'ai toujours pas décidé si j'ai eu beaucoup de mal chance que ce pneu cède et choisisse pour ça une voie rapide où c'était dangereux, ou si j'ai eu énormément de chance qu'il me fasse ça alors que je roulais lentement, que non seulement il faisait jour, mais qu'en plus il ne pleuvait pas (ces deux dernières conditions réunies sont très rares sur l'ensemble du voyage ). Je suis plutôt optimiste donc je penche plutôt du côté "j'ai été chanceux" .
Pas de nouveau contre temps jusqu'à mon arrivée à Angers, même si le GPS m'a indiqué des choses complètements fantaisistes sur les derniers kilomètres.
Je rencontre donc Daniel au point de rendez-vous qu'il m'avait indiqué. Il me guide jusqu'à un hangar où est entreposée une Ami 6 break pour pièces très saine et en grande partie démontée.
J'étais venu pour acheter les sièges de l'Ami en question, qui même s'ils ne sont pas identiques à ceux de mon Ami sont en bien meilleur état. Ils ne sont pas en aussi bon état qu'ils en avaient l'air sur la photo. Ils sont réparables, et seront tout à fait présentables une fois réparés, mais même réparés, ils ne pourrons pas avoir l'air neufs.
Daniel me les vends finalement à 120 euros au lieu des 150 de l'annonce. On démonte ensemble les pare-soleils de son Ami break qu'il me donne (pour une raison que je n'ai pas comprise, ils étaient manquants sur mon Ami). Il me donne aussi un vieux pneu et une chambre à air que je pourrais éventuellement faire remonter sur ma roue de secours par un garagiste si je crève à nouveau sur mon chemin. Il me donne aussi le bidon d'huile qui était sous le capot de son Ami break. Il est là depuis longtemps, mais l'huile semble encore utilisable, et si mon moteur continue à bouffer de l'huile, ça sera toujours mieux que pas d'huile du tout. Nous vérifions le niveau de l'huile sur mon moteur. Je n'en ai quasiment pas perdu depuis le matin, ce qui m'a beaucoup rassuré pour le reste de la journée (cependant, ce n'était peut-être qu'une illusion car la voiture était garée en pente quand nous avons regardé le niveau). Casse tête pour faire rentrer les sièges et autres bidules dans mon coffre. Nous avons réussi, mais juste quand j'aillais repartir, j'ai constaté qu'on ne voyait plus rien du tout dans le rétroviseur intérieur, et vu la médiocrité des rétroviseurs extérieurs, c'était pas envisageable de partir comme ça. On a donc tout ressorti. La banquette nouvellement acquise qui ne voulait pas se rabattre (alors qu'elle est pourtant rabattable avec le même système que celle déjà dans ma voiture) a fini par comprendre que c'était dans son intérêt de se plier à ma volonté (là encore, probablement avec l'énergie du désespoir pour aider...). En empilant les deux banquettes repliées, pas mal de place a été gagnée, et j'ai finalement pu partir vers 17h30.
Direction le Havre où j'ai dit de ne pas m'attendre avant minuit (alors que le GPS indiquait que j'arriverais vers 23h, mais comme il y avait des autoroutes sur le parcours, j'ai préféré ajouter une heure au temps, sachant que je roule très loin de la vitesse normale sur autoroute ).
Je roule à nouveau de nuit, et c'est vraiment dommage. Je suis passé très près de l'ancien lieu de vacances familial. Ça m'a fait bizarre de passer à Argentant (je maudis ceux qui ont eu l'idée stupide de mettre un rond point tous les kilomètres, on sent qu'ils ont fait ça à une époque où "toutes" les voitures ont la direction assistée !), Livarot, Trun, Lisieux. Je suis passé sur la route que nous prenions pour aller faire les courses à Vimoutiers. La flèche "Le Renouard" m'a vraiment fait une drôle d'impression. Je pense que s'il avait fait jour j'aurais fait un détour de 5km pour aller faire une photo de mamie devant l'ancienne maison de vacances familiale. En pleine nuit ça n'avait pas d'intérêt.
Un plein d'essence à Lisieux, alors que le réservoir n'était pas encore vraiment vide, pour être sûr de ne pas avoir à en faire un autre ce jour... ou plutôt cette nuit. J'en ai profité pour manger un peu.
Dernière "ligne droite" pour aller au Havre. Pont de Normandie. J'ai demandé au péage s'il n'y avait pas un tarif réduit pour les véhicules de collection qui prennent le pont à 40km/h, mais non, elle n'a rien voulu savoir, et 5 euros c'est cher pour un pont. Tant pis, j'avais pas du tout envie de faire un grand détour.
Au Havre, j'ai tourné stupidement pendant près d'un quart d'heure, essayant de contourner les routes en travaux pour le tramway (ou juste en travaux sans raison valable particulière), avant de finalement trouver une rue dont le nom avait l'air prometteur, et qui m'a amené très près du but.
Je suis arrivé chez Ghislaine (ma tante) et Eric un peu avant 23h30. Eric a poussé sa voiture pour qu'on puisse mettre mamie 6 devant le garage et sa voiture (qui devait sortir tôt le lendemain matin) devant la grille. C'est Eric qui a fait la manœuvre pour rentrer mamie 6 dans la cour, j'étais plus du tout en état de manœuvrer correctement. Ghislaine et Eric m'avaient préparé à manger, et ont tout de suite vu que j'avais l'air épuisé.
Michel m'a envoyé un email me demandant où j'étais et si la petite vieille se comportait comme il faut. Je lui ai répondu que j'étais au Havre à 3/4 du voyage, et suis allé me coucher un peu avant 1h du matin.
Ça fait du bien un bon lit, surtout après une nuit passée dans le coffre !
Lundi
Je me suis réveillé avec des courbatures dans les bras et épaules. J'avais pas pensé que ça serait du sport de conduire une Ami ! Méchants ronds points !
Petit déjeuné avec Eric, qui m'a expliqué comment repartir en évitant les travaux, et conseillé d'aller à Norauto faire monter mon pneu de rechange sur la jante. Il devait partir assez vite, mais finalement, ayant cédé à la tentation d'une douche, j'étais encore là quand il est revenu. Il m'a montré un de ses nouveaux loisirs puis nous sommes allés faire un petit tour à pied au bord de la mer. J'ai une photo où on voit ma petite vieille garée dans la cour et où on aperçoit la mer :
Ensuite, contrôle du niveau d'huile. Très bas à nouveau. J'ai mis à nouveau plus d'un litre d'huile, presque un litre et demi .
Il était presque 13h quand je suis finalement parti. J'ai fait une pause à Norauto, comme Eric me l'avait conseillé. J'ai acheté un bidon d'huile 5l (premier prix, 8,5euros... pour le temps que mamie 6 la garde, la qualité ne doit pas changer grand chose ). J'ai demandé qu'on me mette le pneu utilisable sur la jante de la roue crevée, mais ils n'ont pas voulu, prétendant que le pneu était trop usé et risquerait d'éclater au gonflage. J'ai surtout l'impression qu'ils avaient la flemme, moi il me semblait en meilleur état que le pneu en lambeaux que j'avais sur la jante, et j'aurais préféré avoir une roue de secours...
J'ai fait le reste du parcours (environ 4h) pour rentrer à la maison sans faire de pause. J'avais envie d'arriver avant la nuit. Je suis donc arrivé vers 18h.
Pendant le parcours, il m'a pris la folie de doubler. Oui, avec mon Ami 6 je double, et mon premier dépassement, pour bien faire les choses, je l'ai fait en côte ! Réussi ! . Vous me croyez pas ? Bon d'accord, j'avoue, c'est un cycliste que j'ai doublé . Un peu plus tard, j'ai aussi doublé un tracteur qui roulait à 30km/h (route plate), sur l'autoroute deux camions qui en descente se trainaient à 80km/h alors qu'ils étaient limités à 90. Comme il n'y avait personne d'autre autour, j'ai pris mon temps pour les doubler, permettant à mamie de prendre de l'élan pour réussir à monter la côte à venir à une allure raisonnable. A moins de 50km de l'arrivée, un tracteur avait visiblement très envie d'être doublé, il roulait carrément sur la piste cyclable. Ça montait pas mal, il roulait à 50, je pense pas que j'aurai pu dépasser 60, donc j'ai suivi le tracteur, sur la piste cyclable moi aussi. Toutes les voitures de la file derrière nous ont doublé très vite, sauf la voiture immédiatement derrière moi, qui a attendu pour doubler le tracteur que je le double (en haut d'une descente, j'avais de la place pour accélérer !), et est donc restée derrière moi. Elle ne m'a finalement doublé que plus tard quand j'ai serré fortement à droite et levé le pied pour qu'elle s'en aille. Une fois cette voiture devant moi, j'ai vu 3 enfants qui regardaient par la vitre arrière. Quelqu'un n'aurait-il pas dit à l'intérieur "Hé, regardez, c'est la voiture que papy avait !" ? .
Je suis donc arrivé à la maison vers 18h. Photo "de famille" avec la C3 et les beaux yeux de mamie :
C'est le seul endroit où je n'ai pas été accueilli avec enthousiasme. Mon père avait eu Éric au téléphone, et savait donc déjà que j'avais eu un pneu crevé et que mon Ami consommait de l'huile. En guise de bienvenue, il m'a dit que puisqu'elle perdait de l'huile on ne la mettrait finalement pas au garage pour pas salir (Il était convenu que mamie resterait au garage à la place de sa voiture pendant environ un mois avant que je ne lui trouve une place ailleurs). Je l'ai regardé comme un extraterrestre, ai répondu "D'accord, sors ta voiture." Et hop, mamie au garage. Elle a l'air minuscule là dedans ! on croirait un modèle réduit :
J'ai mis un carton en dessous. Plus pour pouvoir me faire une idée de la quantité d'huile réellement perdue (j'ai l'impression qu'à l'arrêt elle ne perd rien et que c'est seulement en roulant avec un moteur chaud qu'elle en met partout) que pour éviter de salir le garage qui est déjà loin d'être propre. Les sièges achetés à Angers sont sortis du coffre et sont allés au grenier, j'avais peur qu'ils s'abiment en restant dans le coffre serrés les uns contre les autres dans une position anormale pour des sièges. Et... bonne nuit mamie, pas le temps de m'occuper plus de toi avant la fin de la semaine...
Mardi
Je repars vers Lille avec ma C3. Les premières minutes de réadaptation ont été difficiles. J'ai compris ce que voulais dire Michel par son "ça marche bien, mais on sent rien" en parlant de la Twingo de sa femme. Au premier tournant, j'ai attrapé le volant à 2 mains, et la voiture a failli partir dans le fossé. Lorsque j'ai appuyé "un peu" sur le frein pour ralentir, elle s'est arrêtée net. La voiture atteint 120km/h avant que j'aie vraiment entendu le bruit du moteur. Ça n'a vraiment rien à voir avec mamie, avec qui on a l'impression d'être un fou dangereux si on atteint 90km/h et de faire un record de vitesse si on roule à 100 (en descente).
...
Coincé une demi heure dans les bouchons à l'entrée de Lille. Grr, ça faisait longtemps que je l'avais pas eu celui-là (d'habitude je reviens à Lille entre 23h et 1h, mais j'étais beaucoup trop fatigué pour ça hier soir). A l'arrêt sur l'autoroute, je vois sur le téléphone un email de Michel, rassuré que je sois bien arrivé. Extrait :
Te voilà donc à bon port après une épreuve initiatique redoutable: c'est le propre des rituels d'initiation que d'inquiéter l'entourage de l'initié!
Tout ça pour te dire que je n'étais pas très tranquille ...et que me voilà rassuré!
Félicitations donc: pour moi, c'est étrange cette façon de faire: partir sans emporter: pinces, fil de fer, élastiques découpés dans vieilles chambres à air et écrous & boulons de rechange...mais avec portable chiadé et GPS!
L'ère des Mutants atteint le monde graisseux et fumant des bicylindres d' André!
Eh bien Michel, je ne regrette pas du tout de t'avoir ennuyé pour installer cette prise allume cigare afin d'y brancher mon GPS. Ça a été très utile cet outil !
Conclusion
Au total, j'ai fait avec mamie environ 1400 kilomètres, en un peu moins de 24h de route, réparties sur 3 jours. J'ai consommé environ 95 litres d'essence (donc entre 6,5 et 7l aux 100 km, pas très économique mais tout de même très raisonnable), et 4 litres d'huile (ça me semble énorme).
En résumé, j'ai acheté une voiture qui perd ses freins, fait plein de bruit, avance tout doucement, bouffe de l'huile... elle a vraiment de la chance d'être mignonne et qu'on lui pardonne tout dès qu'elle nous regarde avec ses grands yeux !